Opportunisme, décisions de petits copains, coups bas et autres trahisons. Tel est bien souvent le portrait dressé du monde politique. Conséquence directe : un désintérêt grandissant pour la chose publique. Toutefois, malgré le caractère récurrent d’une telle opinion, de tels arguments n’en constituent pas moins un raccourci facile à la réalité d’un phénomène aux contours complexes, où l’économique rencontre l’émotionnel.
Au bénéfice d’un temps disponible limité, l’individu se doit d’opérer des choix dans l’allocation de ce dernier. L’allongement du temps de travail, le stress grandissant associé à ce dernier ou les compensations financières relativement marginales proposées par la politique constituent ainsi d’autres facteurs, tout aussi importants que le précédent, inhibiteurs d’intérêt public. Deux caractéristiques majeures du processus décisionnel, bien que peu mentionnées, desservent cependant grandement la politique.
La première tient dans la notion de bien public inhérente à cette dernière. Sans trop user du jargon économique, il nous faut remarquer que l’investissement consenti par certains profite à tous. Les efforts des parlementaires, des membres du corps exécutif ainsi que de tous ceux qui s’engagent pour la chose publique bénéficient en effet à l’ensemble de la société. Il en est ainsi des optimisations du cadre légal, fruits de longues discussions de parlementaires, savants mélanges d’abnégation, de créativité et de compromis. Au niveau individuel, il paraît dès lors rationnel de se livrer à d’autres activités, tout en comptant sur ses concitoyens pour « faire le travail » et, au final, retirer un bien-être supérieur. Le problème survient cependant lorsque ce raisonnement est adopté par un nombre grandissant d’individus, plus connus sous le nom de « freeriders ».
Un deuxième phénomène, celui de biais vers le présent, explique également en bonne partie le peu d’intérêt pour la politique. Réfléchir au rôle des institutions, trouver des solutions aux problèmes actuels tout en anticipant l’avenir, les affaires de l’Etat se caractérisent essentiellement par des coûts à court terme pour des bénéfices à moyen voire long terme. Il suffit de penser au laps de temps entre l’élaboration d’une initiative et sa mise en application. Or, les individus ont tendance à faire preuve de davantage de patience dans le long terme que dans le court terme, donnant plus de poids aux coûts immédiats par rapport aux bénéfices futurs. La politique n’est pas seule concernée. Il s’agit en effet d’un phénomène largement répandu, bien que trop sous-estimé. L’exemple du sport est édifiant, combien d’entre nous préfèrent différer une activité physique au lendemain, répétant cette même décision jour après jour ?
C’est ainsi que le conseil suivant, sages paroles maintes fois répétées, se révèle difficile à appliquer. « Fais donc, mon cher Lucilius, ce que tu me dis dans ta lettre, embrasse toutes les heures ; Ainsi, tu seras moins dépendant du lendemain puisque tu te seras emparé du jour présent. Pendant qu’on la diffère, la vie passe en courant. » Sénèque, Lettres à Lucilius.
Fort de ces constatations, il s’agit de développer des incitations adéquates visant à rendre la politique plus attractive. Cette dernière constitue en effet un élément fondamental de notre société. La perte d’intérêt actuel profite aux extrêmes, savants utilisateurs de l’émotionnel, mais vecteurs de destruction. Abandonner la politique, c’est tirer un trait sur notre prospérité. Des institutions intégrantes, pluralistes, qui encouragent à la fois l’investissement des particuliers, la compétitivité et l’innovation technologique ont fait le succès de notre pays. Afin de poursuivre sur cette lancée, de nouveaux outils, plus en phase avec le monde actuel, doivent cependant être utilisés.
Tel est le défi des nouveaux membres du comité PLR de Massongex–Daviaz, tous novices en politique, qui souhaitent redonner vie à une politique dynamique et pro-active. Si les problématiques développées ci-dessus l’ont considérablement érodée, de longues années de lutte partisane infructueuse ont aussi impacté négativement notre démocratie participative. Il s’agit donc de faire fi des vieilles rancoeurs personnelles et autres rivalités familiales. Si un parti politique se fonde sur une certaine idéologie, il n'en reste pas moins un club d'idées, un espace de réflexion où les théories les plus farfelues peuvent être exprimées. C'est par la confrontation des idées que nous développerons les solutions d'avenir.
Pour concrétiser cette volonté, chaque action doit cependant répondre à une logique très simple : augmenter les « bénéfices » ou réduire les « coûts » de participer à la chose publique. Le comité examine ainsi actuellement les différentes options possibles. Si le recours aux récentes technologies de communication doit faciliter le dialogue citoyen, la priorité a été mise sur le fait de donner du plaisir à faire de la politique. L’organisation d’une soirée raclette le 20 septembre dernier faisait partie intégrante de cette stratégie. En effet, il s’agissait de s’intéresser à une problématique actuelle, la réforme des institutions de notre canton, dans un cadre décontracté. Le député Philippe Nantermod s’est ainsi attelé à présenter le rapport R21 sous toutes ses coutures, soulevant de nombreuses questions de l’audience. D’autres initiatives suivront.
La réalisation de ce projet nécessitera du temps, de l’énergie et une bonne dose d’abnégation. Ainsi que l’a une fois déclaré Winston Churchill : « Le succès n’est pas final, l’échec n’est pas fatal : c’est le courage de continuer qui compte ». L’avenir nous appartient, à nous de le façonner.
Joël Farronato
Secrétaire PLR Massongex-Daviaz
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